Vainqueur en 2013, deuxième en 2015, vainqueur en 2018, non partant en 2021, Raf Van Hulle sera bien au départ de The Sun Trip 2024 Destination Sahara ! Si le champion belge ne semble pas faire de la victoire sa priorité, nul doute qu’il se présentera avec un engin capable d’aller très vite, un engin fruit d’un long travail mené avec ses nombreux partenaires techniques.
Découvrez ses motivations dans cette interview réalisée 6 mois avant le départ, prévu le 12 avril 2024 à Lyon.
1. Que penses-tu de cette édition marocaine ?
Le Maroc est pour moi une terre encore inconnue, ça me plaît beaucoup. Les photos de Bernard et Edgard m’ont fait rêver. Partir et arriver en France, c’est aussi pratique pour moi. Ca nous évite un vol depuis la Belgique et c’est bon pour le climat !
2. Reviens-tu pour la victoire ?
Gagner n’est plus l’objectif principal. J’ai gagné deux fois et j’en suis très reconnaissant. Grâce aux victoires précédentes, j’ai pu m’entourer d’experts et nous réfléchissons chaque semaine au vélo solaire parfait. Nous avons fait beaucoup de progrès ces dernières années et le Sun Trip est une excellente occasion de tester nos nouveaux modèles. Mais peut-être que les tambours sur la ligne de départ réveilleront à nouveau le coureur qui sommeille en moi. Qui sait ?
3. Un mot sur le vélo que tu utiliseras lors du Sun Trip 2024 ?
Je roulerai avec un prototype d’e-tandem, le KISS, que nous aimerions commercialiser dans quelques années : www.rafvanhulle.be/kiss . Nous gardons une roue avant, nous enlevons le siège passager et le générateur, nous plaçons le pare-brise aérodynamique avec des cellules solaires plus près de la direction pour plus de compacité. C’est mon vélo de tous les jours, avec lequel je fais mes courses, je rends visite à mes amis et je voyage. C’est pourquoi il est vraiment digne de confiance. Mes fesses et mon dos ne font qu’un avec lui et je peux pédaler pendant des jours dans cette configuration. Je monte un Solarwind2 à l’arrière, ce qui donne le coup de pouce solaire nécessaire : www.rafvanhulle.be/solarwind2 Spécialement pour ce Sun Trip 2024, nous fabriquons une variante extensible qui peut charger jusqu’à 355 Wp.
4. Peux-tu nous expliquer comment tu travailles à promouvoir la mobilité solaire ?
En plus de mon travail d’architecte, je conçois des concepts de mobilité qui peuvent accélérer la transition écologique. Le soleil est mon partenaire dans ce domaine. Mes créations naissent toujours de mes propres besoins. Je veux vivre et me déplacer sans émettre de CO2. Cela donne une dimension supplémentaire au voyage. C’est ainsi qu’est né mon kayak solaire. Les voyages terrestres sont devenus plus compliqués et le Suntrip 2020 vers la Chine a été annulé. Et après cela, une guerre a commencé. Il n’est plus possible de se rendre en Asie à vélo. L’aventure estivale, la steppe, les paysages lointains me manquaient…
J’ai découvert que voyager sur l’eau pouvait être une nouvelle façon de découvrir l’immensité de Kazach. Sur l’eau, il y a moins de règles et de lois, pas de frontières, pas de feux de circulation. Au lieu de voir passer des camions, je vois au loin des porte-conteneurs qui se déplacent lentement et qui portent des inscriptions étranges. Si un jour il y a un nouveau virus et que les frontières sont à nouveau fermées, je sais à coup sûr ce qu’il faut faire.
5. Pensez-vous que la mobilité solaire puisse intéresser de plus en plus de personnes dans les années à venir ? Ou est-ce seulement quelque chose d’intéressant pour les gens comme les SunTrippers ?
Cela dépendra de la législation. Pour l’instant, il n’est pas permis de recharger un vélo électrique rapide en roulant et ces vélos ne sont pas autorisés à la vente. Tant que la loi ne change pas, le vélo solaire sera réservé aux amateurs qui assemblent leur propre vélo solaire. L’énergie du soleil est inférieure à celle des combustibles fossiles, nous devons donc l’utiliser de manière économique. Pour se déplacer, il faut utiliser des véhicules plus légers. Nous échangerons une cage métallique et des sièges confortables contre un bon imperméable. Il s’agit d’un changement de mentalité qui, heureusement, s’opère lentement.
6. Le Sun Trip 2021 a été une mauvaise expérience pour toi, qu’as-tu appris de cette expérience ?
La Belgique a pris beaucoup de retard dans ses vaccinations Covid. Ma vaccination était prévue le lendemain du départ et j’espérais pouvoir encore atteindre les premiers coureurs. Malheureusement, les effets secondaires de la vaccination, la fièvre et un bras raide, m’ont retenu à la maison. De mon siège confortable, j’ai vu les films des premiers qui avaient déjà traversé les forêts de pins polonaises et j’ai réalisé que je n’étais plus en mesure de les suivre.