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J45 – Retour à la vie normale #1

26.05.2024 - The Sun Trip
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Jusqu’à l’arrivée du dernier aventurier du Sun Trip 2024 nous vous proposerons une série d’articles pour vous donner des nouvelles des arrivants et évoquer leur retour à la vie normale. Voilà un premier article avec quelques nouvelles de : Jack Butler, Jean-Marc Dubouloz, Géry & Baudouin et Bertrand Goudenhooft.


Concernant Jack Butler, après quelques jours de repos en Allemagne le champion 2024 a pris la direction du Tour d’Italie où il a roulé toutes les étapes de la 3ème semaine de course, en ouvreur pour Grand Tour Project. Il dit « avoir de très bonnes jambes » et nous donnera plus de nouvelles une fois qu’il en aura terminé avec nouveau défi !


Jean-Marc Dubouloz a pris lui le temps d’un bilan complet il y a quelques jours, que nous partageons ici dans son intégralité. Passionnant.

« 15 jours après mon retour, je n’ai aucune douleur physique. Je n’ai d’ailleurs eu aucune douleur physique pendant toute la course, en dehors de qq bobos. C’est assez étonnant de voir cette capacité d’adaptation du corps qui peut rester 12h par jour dans la même position pendant 24 jours, et ce, dans des conditions d’hygiène limite (un seul lavage en 24 jours) dans la chaleur du Maroc.

La fatigue globale a été plus importante deux jours après mon arrivée. Je suis encore fatigué mais ça va. La reprise du boulot vous replonge rapidement dans la vraie vie.
J’ai eu cependant mal à la tête pendant plusieurs jours, ce qui ne m’arrive jamais. C’est un peu la tête qui paie les pots cassés, avec cette concentration convoquée en permanence, pendant toute la course, entre :
  • Les voitures et camions qui vous doublent toute la journée et vous frôlent pour certains. On est obligés d’être aux aguets en permanence pour surveiller ce qui va vous arriver dessus.
  • Quand on est en mode Course, on est obligé de prendre des grands axes très roulants… mais très fréquentés. C’est fatiguant d’être doublés en permanence. Sans compter les véhicules qui se mettent à vous suivre pour vous filmer, bloquant tout le monde derrière, puis qui finissent par vous doubler libérant la meute qui les suit, dont certains vous klaxonnent furieux, croyant que vous êtes responsables de les avoir bloqués…
  • Les pièges de la route à surveiller en permanence. Même les petits défauts de la route que l’on sent à peine en voiture, bouches d’égout par exemple, les ralentisseurs, peuvent être redoutables pour nos vélos lourds. A force de répétitions, ils peuvent finir par avoir raison des pneus, des roues, voire plus.
  • Avec trois roues, j’ai trois lignes de roues à surveiller et souvent quand on ne peut éviter un piège, il faut arbitrer lequel ou lesquels des trois va « prendre ».
  • Alors, on essaie de faire tourner entre les trois…
  • Le suivi du parcours sur le téléphone, pour ne pas rater les nombreux changements de routes et autre ronds-points. C’est souvent chaud aux rond points rapides. Il faut aller vite dans le flux, c.à.d. 30-35 km/h pour nous, et ne pas se tromper de sorties quand il y en a beaucoup. C’est rare d’avoir des longs passages sans avoir à regarder sa carte.
  • Le suivi des données de la consommation électrique et de la recharge par les panneaux solaires. Avec la tentation permanente de la « pompe à morphine » : la commande est sous le pouce droit « Plus » et « Moins » de Watts, que l’on envoie au moteur. De 50 Watts à 1500 Watts par paliers de 100 watts. Plus on en met de watts, plus on va vite et on soulage les jambes mais plus on vide la batterie rapidement… La recharge de la batterie par le soleil se faisant essentiellement de 10h à 17h quand le soleil est suffisamment haut dans le ciel, les jours de soleil. Le reste du temps, le matin de 6h30 à 10h00 et de 17h à 20h30, on ne fait que vider la batterie. On roule donc à l’économie en mettant maximum 150-200 Watts dans le moteur… ce qui n’est pas grand-chose dès que ça monte, même légèrement, pour des vélos de 70kg.
  • Il y a enfin un dernier élément qui fatigue le cerveau : C’est le bruit permanent. Bien sûr le bruit des voitures et des camions, notamment lorsqu’ils accélèrent fortement au moment de vous doubler. Le bruit des coups de klaxon qu’ils donnent pour vous saluer la plupart du temps de manière bienveillante, mais qui, répétés toute la journée, deviennent des agressions.  Bien sûr, le bruit du vent que l’on crée et qui saoule quand il dure 12h par jour. Mais aussi, plus insidieusement, le bruit du revêtement de la route. Nous sommes à ras du sol, sans isolation phonique et la plupart des routes, même non défoncées, sont faites en macadam « rugueux », de mauvaise qualité, produisant un bruit assourdissant qui use. Evidemment, on y ajoute aussi le bruit des routes défoncées qui chahutent la machine. De manière incessante, le regard balaie la route et ses pièges, les rétroviseurs, le téléphone pour suivre sa route et l’écran des données électriques. Cela demande un effort de concentration incessant. Je n’ai personnellement jamais réussi à écouter quoi que ce soit dans mes écouteurs, podcast, musique, en dehors des appels téléphoniques ».

Les amis belges Géry & Baudouin nous ont aussi envoyé quelques ressentis post aventure.

Géry :  » l’arrivée à Chambéry fut plus rapide que prévue. J’avais prévenu tout le monde ( y compris au bureau) d’un retour fin mai. J’ai donc eu la chance de pouvoir passer quelques jours avec ma compagne au bord du lac du Bourget avant de remonter vers la Belgique. Se fut un sas de décompression fort salutaire pour me permettre de récupérer physiquement, et de mentalement fermer ce chapitre d’intense aventure sans basculer brutalement dans une autre activité. Me voilà de retour la la maison après 45 jours, il me faut reprendre mes marques, tout me semble bizarre, tondre une pelouse, se faire un café, ouvrir le courrier, la vie sédentaire est complètement différent, à l’opposé au voyage, à l’inconnu. Ce n’est pas pour autant moins riche. Les liens sont là, et j’aime bien l’image de la pirogue que l’on peut construire pour voyager grâce à l’arbre qui à pu grandir en s’enracinant. Les deux sont complémentaires et se répondent. »

Baudouin :  » L’atterrissage est brutal car je n’ai pas ou mal aménagé le piste d’atterrissage. Grossière erreur de débutant. Nous revenons d’un monde où les contraintes, droits et obligations étaient très différentes. Les choses étaient en somme plus simples sous un couvert de difficultés physiques ou mécaniques. A présent, je dois reprendre le collier avec certaines choses qui semblent faire moins de sens. Je me dis que c’est l’affaire d’une mise à jour. Quelle aventure ce Sun Trip. Quelle liberté inouïe, mais l’expérience est transformante« .


Enfin voilà aussi une réaction de Bertrand Goudenhooft, qui est arrivé il y a quelques jours et qui repart bientôt pour le Savoie-Nice :

« J’ai retrouvé mon épouse, mais aussi la gestion des emails et des priorités de mon entreprise. Et puis… mal physiquement un peu partout, perte de la routine rassurante du velo dès le matin perte d entrain depuis ce 3ème jour. Une semaine de vacances en camping car avant de repartir sur les routes du Sun Trip du 4 au 8 juin« .

A suivre


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