Retrouvez ci-dessous une interview du fondateur du Sun Trip, Florian Bailly, publiée par le Dauphiné libéré le 19 avril 2020. L’occasion de parler des impacts de la crise du Covid19 et dire les objectifs du Sun Trip pour les semaines et les mois à venir.
“Réfléchir à ce qui pourra recoudre les relations”
>> À quand remonte votre dernier voyage ?
« J’avais prévu d’être fin février à Canton pour préparer les événements de l’été. Mais en raison de l’épidémie qui sévissait en Chine, j’ai décidé d’aller au Kazakhstan pour faire des repérages sur les étapes, et prévoir une arrivée dans ce pays si l’on ne pouvait pas aller en Chine. À mon retour, la crise chinoise était devenue mondiale… »
>> Là-bas, vous aviez déjà senti une certaine peur de la part des habitants ?
« Il y avait la peur d’être touché par cette maladie. Et la peur de l’autre, qui peut être vecteur de transmission. C’est l’un des premiers réflexes humains : avoir peur de son voisin, essayer de remettre la faute sur l’autre. À l’échelle mondiale, c’est un réflexe qui me fait peur. »
>> Est-ce que cela vous donne encore plus envie, une fois que la pandémie sera terminée, d’organiser des projets internationaux ?
« Oui, tout >en étant conscient que mon projet est minuscule et symbolique à l’échelle des relations internationales. Mais on peut apporter notre petite pierre… Quand les frontières seront rouvertes, que les tensions et les peurs seront retombées, ce sera essentiel que les voyages et les échanges entre les peuples continuent. »
>> Vous espérez même, dès cet été, organiser une expédition jusqu’en Chine…
« Avec les villes de Lyon et Canton, on garde en tête cette idée : envoyer un groupe de cinq participants expérimentés à vélos solaires. On leur prévoira un parcours sécurisé. L’ambition, c’est qu’ils partent en éclaireurs dans un monde en réouverture. J’y crois, même si cette idée peut être abandonnée pendant l’été. L’objectif, c’est de les faire partir mi août pour une arrivée à Canton en octobre. Il faut avoir une vision post-crise, réfléchir à ce qui pourra recoudre les relations entre les peuples. »
>>Craignez-vous qu’il y ait un regard de crainte vis-à-vis des Chinois ?
« La peur ne sera pas forcément contre les Chinois, mais face à chaque voyageur qui traverse plein de villages, croise plein de gens… Ma crainte, c’est que tous les voyageurs soient stigmatisés pendant quelque temps. Mais ça passera… Il faudra recommencer à voyager. »
>> C’est comme le vélo, il faut remonter dessus très vite ?
« Oui. Pour moi, il ne faudrait surtout pas que pendant les 20 prochaines années, chaque peuple du monde ait peur des autres. Cela pourrait entraîner un problème plus grave encore que le virus. »
>> Du coup, avant d’aller en Chine, vous prévoyez une sorte de tour de France à vélos solaires…
« C’est un “Sun trip” en France, à l’image de ce que l’on a fait dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec un départ de Lyon, peut-être le 14 juillet, et une arrivée à Albertville. Si on ne peut pas voyager comme d’habitude, commençons par chez nous. Et si ce projet se réalise en juillet ou en août, je suis très curieux de voir comment des voyageurs à vélos solaires vont être accueillis dans les campagnes et les villes. Ce sera l’occasion de reprendre le contact en local avant de le faire à l’international. Créer du lien avec des gens qui ont été isolés. Peut-être rencontrer des gens qui ont perdu des proches. D’autres qui auront trouvé de nouvelles manières de vivre. C’est tout ce travail-là qu’on a envie de faire avec des participants qui seront principalement des personnes ayant déjà vécu l’expérience “Sun trip”. »
>> Et les vélos solaires, quel rôle joueront-ils ?
« On va continuer à sensibiliser sur les nouvelles énergies. D’autant que je suis persuadé que la question écologique va ressortir grandie de cette crise. Ces vélos ont aussi un autre rôle : partout où on va, c’est magique, ils font rêver, ils font tomber les barrières. Et cela permet de créer un lien encore plus facilement.